Tabac
Pas de répit pour les débits de boisson
Longtemps reconnu comme le paradis des fumeurs, le Québec s’est doté, en 2006, d’une loi antitabac parmi les plus restrictives du monde.
L’objectif annoncé était de diminuer considérablement le nombre de consommateurs. Le bilan est plutôt mitigé. Selon certains groupes de pression, le nombre de fumeurs au Québec tourne toujours autour de 20 % de la population. Les tenanciers de bar ont largement fait les frais de ces mesures inefficaces.
Pire : il n’y a aucun répit en vue dans le domaine des législations contre le tabac dans nos établissements. Les groupes antitabac, qui forment un lobby très puissant, ont accès à toutes sortes de statistiques. Ils n’hésitent pas à les interpréter en fonction de leurs intérêts. De plus, ils revendiquent inlassablement des mesures toujours plus sévères contre l’usage de ce produit.
De là l’importance, pour les tenanciers, de serrer les rangs autour de leur corporation et de se munir de moyens nécessaires pour faire obstacle aux groupes antitabac. En démocratie, l’équilibre entre les parties est d’une importance primordiale. Au Québec, les tenanciers de bars, de brasseries et de tavernes se sont dotés de la CPBBTQ, qui a été de tous les débats sur le tabac afin de protéger leurs droits économiques et les droits individuels en général.
En démocratie,
l’équilibre entre les parties
est d’une importance primordiale.
Certains groupes ont recours à la désinformation ou à la manipulation de l’information pour faire avancer leurs idées. Par exemple, certaines associations de non-fumeurs soutiennent qu’on ne fume plus dans aucun endroit public de l’Amérique du Nord ou de l’Europe. Or, c’est complètement faux : on y fume encore, notamment dans les bars de la Floride.
Plusieurs pays sont encore soucieux de préserver les libertés économiques et individuelles des individus. En Europe, par exemple, plusieurs pays autorisent les exploitants à installer des locaux séparés et bien ventilés à l’intention des fumeurs. Le système fonctionne, car les règles sont strictes et les amendes sont très élevées en cas d’infraction.
Une nouvelle clientèle qui ne s’est jamais matérialisée
Les politiciens de tous les pays ont promis qu’une nouvelle clientèle allait fréquenter les débits de boissons en raison de l’interdiction de fumer. Cette promesse ne s’est jamais matérialisée et le chiffre d’affaires des établissements a partout reculé de 10 à 15 %, que ce soit au Canada, en France ou aux États-Unis.
Pour ne pas perdre la clientèle des fumeurs,
les exploitants ont misé sur les terrasses,
où l’interdiction ne s’applique pas.
Malgré des promesses non tenues et ces revenus disparus, les commerçants ont adopté un comportement exemplaire et ont scrupuleusement respecté la loi et ses contraintes. Aujourd’hui, plus personne ne réclame la levée de l’interdiction de fumer là où elle est appliquée.
Les terrasses, une compensation nécessaire
Les lois antitabac ont considérablement modifié le modèle d’affaires des débits de boisson. Pour ne pas perdre la clientèle des fumeurs, les exploitants ont misé sur les terrasses, où l’interdiction ne s’applique pas. En France, par exemple, le nombre de terrasses est passé de 30 000 à 45 000 en deux ans seulement (de 2007 à 2009).
Toutes proportions gardées, nous avons assisté au même phénomène au Québec. Actuellement, de nombreux débits de boisson réalisent de 40 à 50 % de leur chiffre d’affaires grâce aux terrasses. De nouvelles mesures interdisant le tabac dans ces lieux auraient un impact catastrophique.
Il est donc plus important que jamais de s’opposer à toute nouvelle restriction et de nous unir pour donner plus de poids à nos revendications.
Plusieurs pays sont encore soucieux de préserver
les libertés économiques et individuelles des individus.
Par Richard Poirier