Risques reliés à la fumée passive
Une voix discordante
Une nouvelle voix se fait entendre dans le débat sur le tabac, longtemps limité à une lutte entre les méchants industriels du tabac et les preux chevaliers antitabac. Cette voix, qui dénonce ce climat de peur, est celle de Philippe Even. Il est de nationalité française, professeur émérite à l’Université Paris Descartes et président de l’Institut Necker.
Le professeur Even a manifesté à de nombreuses reprises son incrédulité par rapport aux conséquences du tabagisme passif. Sa nocivité est inexistante ou soit extrêmement faible, selon lui. On a créé de toutes pièces, dit-il, une peur qui ne repose sur rien. Pas moins de 40 % des études scientifiques concluent à une absence totale de nocivité du tabagisme passif sur la santé, souligne-t-il.
Quant aux 60 % qui restent, elles estiment que le risque de cancer est accru de 2 % à 15 %. Soit une hausse minime par rapport au tabagisme actif, qui multiplie les risques par 10 ou par 20. Il vaut mieux ne pas s’engager dans ce débat d’expert. Mais même s’il faut prendre les propos du professeur Even avec une certaine prudence, il demeure que ces données ne sont pas dénuées de fondements.
La lutte contre le tabagisme est une priorité en santé publique. Plus personne ne met en cause les dangers du tabagisme. Aujourd’hui, ce sont plutôt les campagnes de peur mises de l’avant par les groupes antitabac et leur manipulation des données qui en irrite plus d’un.
Terrasse
Avec un nouveau gouvernement majoritaire, les propriétaires de bars et de restos-bars doivent s’attendre à de nouvelles demandes des groupes antitabac afin d’interdire le tabagisme sur les terrasses. Ces groupes tenteront de mettre la population de leur côté à grand renfort de propos alarmistes.
En août 2013, par exemple, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac a avancé l’idée que dès qu’une cigarette est fumée sur une terrasse (couverte ou non) l’indice de la qualité de l’air se compare à celui des pires journées de smog à Los Angeles ou à ceux mesurés à Kelowna (C.-B.) lorsque des incendies de forêt ravageaient la région. Permettez-nous d’en douter.
Tabagisme passif
Plusieurs études démontrent les dangers pour la santé du tabagisme passif. L’une des études des plus documentées a été menée en 2006 aux États-Unis. Un impressionnant rapport de 127 pages rédigé par 22 experts et entièrement relu par 30 scientifiques indépendants dresse une conclusion sans appel. La fumée respirée passivement contient des dizaines de substances cancérigènes. Mais cette étude ne traite que des lieux fermés. Qu’en est-il vraiment à l’extérieur, dans des endroits naturellement ventilés? Posez la question et vous obtiendrez des dizaines de réponses des plus différentes les unes des autres.
Lorsque l’on regarde de plus près certaines études sur le tabagisme passif, on constate que l’on mélange fumeurs et non-fumeurs, ce qui est absurde. Un fumeur meurt de tabagisme et non de tabagisme passif. De plus, il faudrait exclure de ces études les personnes qui ont cessé de fumer. En ne les excluant pas, on gonfle artificiellement le nombre de décès provoqués par le tabagisme passif. En somme, il nous paraît plus difficile d’évaluer les risques du tabagisme passif que du tabagisme actif. La marge d’erreur semble plus grande.
Interdire le tabac sur les terrasses permettrait-il vraiment de mieux protéger la santé des Québécois? Chose certaine, leur vie sociale en sera perturbée. De plus, elle placera plusieurs entreprises de l’industrie hôtelière en difficulté financière. Depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les endroits publics, une paix sociale qui s’est installée entre les fumeurs et les non-fumeurs qui fréquentent les bars et les restos-bars. Les terrasses ont été l’élément déterminant de cette paix sociale, il ne faudrait pas l’oublier.
Bars et restos-bars
Le tenancier est impliqué malgré lui dans ce débat, ne serait-ce que pour faire entendre la voix de ses clients aux autorités. Si l’on interdit l’usage du tabac sur les terrasses, où iront les fumeurs? Engorger les trottoirs, fumer à côté des terrasses? Chose certaine, on ne pourra pas les repousser indéfiniment, il faudra bien un jour trouver de vraies solutions.
Le gouvernement doit établir une consultation basée sur des données probantes avec les intervenants concernés. Il faut mettre fin aux campagnes de peur qui ne visent réellement qu’à mobiliser les non-fumeurs pour tenter de culpabiliser les fumeurs en présentant une version biaisée de la réalité.
De là l’importance pour les tenanciers de serrer les rangs autour de leur corporation et de se doter de moyens nécessaires pour se faire entendre. En démocratie, l’équilibre entre les parties est d’une importance cruciale, ne l’oublions pas.
Par Daniel Belley