France D’Amour
TOUT POUR LA MUSIQUE
« Dans les bars, le public n’est pas payé pour t’écouter. Si c’est ennuyant, les gens quittent. Tu as toujours l’heure juste. »
Détendue, enjouée, articulée, France D’Amour rayonne. Depuis la parution de Bubble Bath and Champagne au printemps 2011, la chanteuse multiplie les spectacles et les succès (l’album se retrouve encore aujourd’hui dans le top des ventes). Pour ce projet bien personnel qu’elle chérissait depuis des années, la rouquine rockeuse troquait ses morceaux vitaminés et accrocheurs pour des chansons jazzées/lounge feutrées et langoureuses. Le charme opère et le neuvième album de la dame aséduit plusieurs nouveaux admirateurs.
Tout le monde est gagnant
Porte-parole de la quatrième édition du concours provincial de karaoké, collaboration entre la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec et la SOCAN, France a accepté le mandat par amour pour l’organisme. « Je n’ai pas tendance à lever le nez, à snober ou à remettre en question les activités de la SOCAN. Son travail est vital pour la survie des auteurs-compositeurs d’ici. Pendant longtemps, je ne comprenais pas ce trip de karaoké, mais je me suis mis à regarder les gens. Je voyais qu’ils s’amusaient, qu’ils avaient du plaisir à chanter et à se prendre pour une vedette pendant quelques instants. J’ai découvert que c’était complètement épicurien. Lorsque j’ai vu que la SOCAN avait mis sur pied cette activité afin d’encourager les liens, j’ai trouvé ça sympa. Tout le monde sort gagnant, » estime-t-elle.
Même si elle n’a parcouru le circuit les bars que pendant trois années, France estime que cette période de sa vie fut déterminante.
« Les bars ont joué un rôle important dans ma vie. À un certain moment, je jouais sept soirs par semaine et trois sets par soir. C’était très intense. Ça a été mon école pour affronter le public et dealer avec n’importe quelle situation. J’ai toujours affirmé que je détenais un baccalauréat en bars! À l’époque, il n’y avait pas de Star Académie et tous les concours que l’on retrouve aujourd’hui. Dans les bars, le public n’est pas payé pour t’écouter. Si c’est ennuyant, les gens quittent. Tu as toujours l’heure juste devant toutes sortes de publics. Tu apprends aussi que même si tu as livré une super performance, c’est à recommencer soir après soir. Les conditions sont parfois horribles, mais c’est incroyablement formateur, » confie-t-elle.
Passion musique
Grande consommatrice de musique (elle achète des albums hebdomadairement), France estime que la musique qu’elle écoute ne fait qu’enrichir son vocabulaire qui ne cesse de prendre de l’expansion et d’évoluer. « C’est comme des livres. Comme si je continuais d’étudier. Je ne comprends pas qu’un artiste puisse tomber en panne d’inspiration. Personnellement, j’ai tellement de matériel, d’outils. Et puis, la vie est tellement une belle et grande aventure : les gens qu’on y rencontre, les émotions qu’on peut ressentir. La création, ça se passe dans le cerveau. Un flash de musique ou de texte. Ou les deux. Je brasse ça et les arrangements viennent à la toute fin. Mais une chanson doit se tenir d’elle-même avant d’avoir un style défini, » précise l’inconditionnelle de Joni Mitchell et Rickie Lee Jones.
Briser le moule
Malgré les nombreux bouleversements de l’industrie de la musique et les difficultés économiques des dernières années, France poursuit sa route, garde la tête bien haute et ne s’inquiète pas outre mesure de la possibilité de temps plus difficiles. Par contre, quelque chose la dérange au plus haut point : les gens trop gourmands. Elle s’explique : « Je me considère chanceuse parce que je me débrouille bien. Mes activités sont variées : j’écris pour moi, pour les autres, je fais des albums, des spectacles. Mais il y a tout de même des injustices dans ce métier. Il y a des gens gourmands qui se prennent de trop grosses cotes. C’est pas correct. On n’est pas nécessairement payé chaque fois que nos chansons tournent, mais c’est une réalité qu’on accepte. On se trouve dans un petit marché, et ça, je le comprends. Récemment, j’ai aimé voir la solidarité chez les étudiants. Ils se tenaient ensemble. Si les artistes se tenaient debout à leur tour, ça aiderait à changer des choses. Mais les artistes sont très individualistes, restent dans leur coin et continuent de se faire exploiter. C’est ça qui est triste. Il faut briser le moule! »
Après la jolie parenthèse Bubble Bath and Champagne, France D’amour est fin prête à relever de nouveaux défis. Fidèle à son habitude, la dame a entamé son travail de création. « Je reçois des demandes pour faire un autre album à la Bubble bath. J’ai commencé à écrire de nouvelles chansons. Parfois, c’est jazzé, d’autres fois non ou entre rock et jazz. Je ne sais pas à quoi ressemblera mon prochain disque, mais assurément, ce sera en français.
Je suis plus à l’aise dans cette langue. Chose certaine, je suis heureuse de continuer à faire ce que j’aime le plus au monde! »