Contrebande – Un vrai fléau pour la société
Après des décennies de lutte contre la contrebande du tabac, le tiers des cigarettes consommées au Québec échappe encore au contrôle du gouvernement. Pour notre société cette activité illégale est beaucoup plus permissive que seulement une perte de revenu pour les gouvernements. Produits contaminés et concurrence déloyale sont d’autres aspects négatifs de ce fléau.
Les cigarettes de contrebande sont peut-être moins dispendieuses que les cigarettes achetées au dépanneur, mais elles risquent de laisser un arrière-goût désagréable, car elles peuvent contenir des substances innommables. Souvent, ces cigarettes illégales sont fabriquées dans des remises et des garages clandestins. Il n’est pas rare que l’on retrouve des résidus d’insectes ou des matières qui ne devraient pas se retrouver dans la fabrication de cigarettes.
Des tests en laboratoire, effectués par la GRC, ont également dépisté des traces de moisissures parmi le tabac de ces cigarettes illégales.
Elles sont fabriquées n’importe où et à l’abri des règlements du gouvernement contrairement à l’industrie de la cigarette qui est l’un des secteurs les plus règlementés au Canada.
Le niveau de toxines est plus élevé dans les cigarettes clandestines que dans les cigarettes produites légalement au Canada, donc beaucoup plus néfaste pour la santé des consommateurs.
Contrebande à domicile
Le marché de la contrebande de cigarettes se raffine, désormais il n’est plus nécessaire de se déplacer pour acheter des cigarettes de contrebande car les trafiquants les livrent à domicile. La rapidité de la livraison et le prix constituent des arguments de vente de premier ordre.
Pour diffuser l’information, les contrebandiers distribuent des cartes professionnelles dans les boîtes aux lettres, comme l’a mentionné dernièrement Radio-Canada lors d’un reportage.
Le coût d’une cartouche de 200 cigarettes est d’approximativement 25 $, environ le tiers du prix observé dans les dépanneurs. Malheureusement, afin de sauver quelques dollars, certaines personnes sont prêtes à laisser pénétrer dans leur demeure un criminel.
Les adolescents une cible de prédilection
Les contrebandiers en quête de profits mirobolants n’ont aucun scrupule à vendre leurs produits aux adolescents, contrairement au marché traditionnel du Québec qui est très règlementé et empêche les détaillants de vendre aux mineurs.
De ce fait, les détaillants sont soumis à de fortes amendes s’ils sont pris en infraction par les inspecteurs du ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec. Ces derniers vont jusqu’à utiliser des acheteurs mineurs pour tester le système.
L’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA) mène depuis trois ans une étude pour le moins inusitée pour démontrer que les mineurs sont nombreux à fumer des cigarettes de contrebande : elle envoie des personnes ramasser les mégots de cigarettes autour des écoles pour déterminer leur provenance, en présumant que ce sont des élèves qui ont consommé les cigarettes. Chaque mégot permet de qualifier les cigarettes fumées : légales, illicites ou inconnues. Pas moins de 14 000 mégots ont ainsi été recueillis autour de 75 écoles situées aux quatre coins du Québec. En excluant celles dont l’origine estinconnue aux enquêteurs de l’AQDA, c’est un taux de 45%, soit 11 600 mégots, qui seraient d’origine illégale, c’est-à-dire des cigarettes de contrebande.
Les contrebandiers sont souvent reliés à des groupes criminalisés. Il n’y a qu’un pas à franchir pour offrir aux adolescents d’autres produits illégaux tels que les drogues.
Les groupes criminels de plus en plus présents
Les groupes criminels organisés trempent de plus en plus dans la contrebande de cigarettes, un commerce fort lucratif. Selon les enquêteurs de la GRC, une centained’organisations criminelles font la contrebande decigarettes au pays afin de blanchir leur argent ou d’augmenter leurs revenus. Ces groupes utilisent aussi l’argent de la contrebande de cigarettes pour acheter des armes, développer des réseaux de prostitution ou bien se porter acquéreur de commerces légitimes comme les bars.
L’ampleur du commerce illicite est telle que les profits de la contrebande de cigarettes rivalisent maintenant avec ceux des drogues, selon certains experts.
Selon les autorités policières, les groupes criminels réussissent à introduire illégalement une grande partie des cigarettes au Canada à partir des États-Unis. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, le gros du trafic se fait dans la région de la vallée centrale du Saint-Laurent.
La majorité des usines fournissant le tabac est implantée au Canada et aux États-Unis. Elle pourrait bientôt être concurrencée par la Chine, l’un des plus gros exportateurs au monde.
Selon les dernières estimations, le fisc fédéral perdannuellement 2 milliards de dollars en revenus à cause de la contrebande, et, le Québec perd approximativement 300 millions de dollars par année.
Le fléau de la contrebande de cigarettes a des effetspréjudiciables sur les petites entreprises, sur nosadolescents et sur la société en général. La lutte contre la contrebande devrait être d’une extrême priorité pour le gouvernement du Québec.
Par Éric Côté
Source: Journal de Montréal, La Presse